mercredi 19 février 2014

Les précieuses ridicules


Les Précieuses ridicules est une comédie en un acte et en prose de Molière, représentée pour la première fois à Paris le  au Théâtre du Petit-Bourbon. La pièce était donnée en deuxième partie, après Cinna de Corneille. Peu représentée du vivant de Molière, Les Précieuses ridicules connut pourtant un succès considérable, qui se manifesta par l'apparition d'une mode littéraire nouvelle, la satire des « précieuses » et de la « préciosité », termes popularisés par la pièce de Molière, et dont la réalité du phénomène qu'ils désignent est aujourd'hui considérée comme problématique.

Création des Précieuses ridicules au théâtre
La Première des Précieuses ridicules eut lieu le mardi 18 novembre 1659, en complément du Cinna de Pierre Corneille. En décidant d'accompagner d'une petite comédie une pièce en cinq actes, Molière renouait avec une pratique qui avait disparu des théâtres parisiens au début de la décennie précédente. Toutefois, cette innovation ne bénéficia pas d'un traitement particulier : le prix des places était le même que pour une représentation normale (au lieu d'être doublé comme c'était le cas pour les Premières), et le lancement des Précieuses ridicules ne fut pas programmé le vendredi, comme il était d'usage pour les nouvelles pièces. La pièce disparut ensuite de la scène pendant une quinzaine de jours, remplacée par la reprise deLa Mort de Crispe, tragédie de Tristan L'Hermite, puis par la création d'une autre tragédie, Oreste et Pylade, du dramaturge rouennais Coqueteau de la Clairière (ami et protégé des frères Corneille.)
Cette nouvelle tragédie n'obtint qu'un succès médiocre, et elle ne fut jouée que trois fois, avant d'être remplacée par Alcionée, tragédie de Du Ryer. C'est en complément de cette dernière pièce que Les Précieuses ridicules firent leur retour sur la scène. La comédie fut représentée ensuite en complément de Rodogune, du Cid et d'Horace, toutes trois de Pierre Corneille. Malgré un succès spectaculaire de cette petite comédie, ses représentations furent à nouveau interrompues afin de permettre la création de Zénobie, une tragédie de Jean Grignon qui n'obtint aucun succès, sauf à partir du moment où elle fut accompagnée des Précieuses ridicules. Pourtant, malgré le succès évident de cette dernière, elle ne fut représentée qu'irrégulièrement jusqu'à la traditionnelle relâche de Pâques (le vendredi 12 mars 1660), peut-être parce que l'acteur Jodelet était déjà malade (il mourut le 26 mars 1660).
À la réouverture des théâtres, au début du mois d'avril, l'acteur Gros-René reprit le rôle de Jodelet, mais là encore Les Précieuses ridicules ne connurent que quelques représentations, avant d'être définitivement abandonnées vers la fin de l'année 1661 (en dehors de trois reprises en 1666.) La première pièce imprimée de Molière ne fut ainsi représentée que cinquante-cinq fois du vivant de son auteur.

Écriture et composition
Il semblerait que la composition des Précieuses ridicules ait été tributaire des impératifs stratégiques et commerciaux auxquels était soumis Molière : en effet, depuis le printemps 1659, il avait engagé dans sa troupe le comédien Jodelet, pour lequel furent représentées deux pièces de Scarron dont il était le principal protagoniste : Jodelet ou le Maître valet, puis Don Japhet d'Arménie. Mais elles n'eurent pas le succès escompté, les pièces étant anciennes, et Molière décida d'en créer une nouvelle pour le comédien, en dédoublant le rôle du valet ridicule pour le ménager (Jodelet avait sans doute soixante-dix ans au moment où il rejoignit la troupe de Molière.)

C'est ainsi que le dramaturge utilisa le thème du valet déguisé en gentilhomme, repris de Scarron, auquel il eut l'idée d'adjoindre un autre thème, celui de la « fille folle », hérité notamment desVisionnaires, pièce de Desmarets de 1637, que la troupe de Molière interprétait par intermittence au cours du printemps 1659. La forme que prendrait la folie des jeunes femmes (tout comme pour le valet, le rôle avait été dédoublé), Molière la trouva alors dans le Recueil de pièces en prose les plus agréables de ce temps, composées par divers auteurs, paru en 1658, et qui contenait, outre « Les lois de la galanterie » de Sorel, une parodie de la Carte de Tendre de Mademoiselle de Scudéry : la Carte du royaume des Précieuses, écrite en 1654 par le marquis de Maulévrier. Ces textes, avec celui de l'abbé de Pure, devaient lui fournir le nom et les défauts dont seraient parées ses deux jeunes folles.



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