L'Église
catholique du temps de Molière avait une grande responsabilité car elle avait
un certain pouvoir. Comme le roi était de droit divin, l'Église avait un
pouvoir moral sur le souverain et sur la société. Le roi règne en vertu du
droit divin. Ce règne vient de Dieu. L'état était donc régi par deux pouvoirs :
celui du roi et celui de l'Église. Il n'y avait pas que les évêques qui avaient
un pouvoir. Certains clans faisaient aussi du lobbying. Notamment le clan de
dévots et la congrégation du saint sacrement qui surveillaient, influençaient,
espionnaient et ce, souvent derrière une façade : celle des actions
charitables. Des prêtres préféraient être nommés directeur spirituel de
certaines grandes familles plutôt que d'aller à la campagne. C'est aussi pour
l'Église de préserver son influence. L'archevêque de Paris penchait plutôt de
leur côté. Ces clans reprochaient au courant libéral, courant surtout vivace en
ville, un certain relâchement dans les mours et dans les rapports entre hommes
et femmes. Les péchés de la chair étaient dénoncés mais comme personne ne
pouvait y échapper, il régnait un certain laxisme. Ces moralistes cherchaient à
serrer les boulons.
L'Église
catholique et les arts
L'Église
catholique avait une place importante aux yeux des artistes. Bien sûr, elle
commandait des ouvres d'art comme le pratiquaient les rois, les princes de ce
temps. Celui qui commande une œuvre a un lien de domination sur les artistes.
et de leur côté, les artistes ont un lien de dépendance vis à vis de
'l'institution'
Mais l'Église
catholique avait une place originale. A propos de Molière, il est important de
la rappeler.
Certaines
religions révélées comme l'Islam ou la religion juive interdisent toute
représentation pour éviter de limiter le regard sur Dieu, pour éviter de faire
croire qu'on peut mettre la main sur Dieu, en faire le tour. En un mot, pour
éviter l'idolâtrie. Cette non-représentation permet d'éviter toute tentation de
dérision.
Par contre, la
foi catholique donne une grande place à la représentation de Jésus et des
saints. La foi professe que l'homme est fait à l'image de Dieu mais aussi que
Dieu s'est incarné, a pris forme humaine. C'est l'originalité de la démarche
religieuse chrétienne. Aussi cette représentation donnait beaucoup de place aux
artistes.
La grande place
de l'art dans la vie de l'Église catholique a comme conséquence que cette
pastorale coûte cher. Collecter de l'argent a beaucoup d'importance. Nous
connaissons la réaction de Luther devant l'attitude de l'Église catholique qui
préfère chercher de l'argent plutôt que servir la justice. Au temps de Molière,
l'Église cherche à retrouver toute son influence pour que la société ne tombe
pas dans le libertinage, dans un manque de respect pour la vérité. La
contre-réforme poussait aussi l'Église a être très exigeante sur le contenu de
la foi, à être très attentive dès que des personnes comme les artistes
exprimaient par leur art la vérité révélée dont l'Église avait pour mission de
préserver l'intégrité.
Pour les
artistes, travailler pour l'Église qui avait une responsabilité dans la vie de
la société supposait avoir certaines exigences personnelles. L'artiste devait
non seulement contenter celui qui passait commande, mais pour faire ouvre
géniale d'Église, il fallait aussi se pénétrer dans cette vérité proclamée.
L'Église et les
comédiens
Les villes
accordaient le droit de jouer si la troupe présentait son programme et
promettait d'éviter tout scandale. La misère amène certaines villes de demander
à la troupe de verser une quote-part qui sera distribuée aux pauvres... Avoir
la protection d'un puissant était toujours utile.
Pour le monde
des comédiens, la situation vis-à-vis n'est pas simple. Elle est plurielle,
comme on dirait aujourd'hui. Le pape Pie V en 1604 a dressé une liste de
personnes à qui il faut refuser la communion : les hommes de théâtre n'y
figurent pas. A Bourges, les jésuites menacent d'excommunier ceux qui iront au
théâtre. mais d'autres accordent, laissent faire en demandant qu'une part des
bénéfices aille aux pauvres. L'Église se méfie des comédiens. Aussi, quand il
faudra aller chercher un prêtre pour confesser et donner l'extrême-onction à
Molière mourant, le vicaire de Saint Eustache s'est senti incompétent et a
préféré qu'on aille chercher le prêtre qui était en lien avec les comédiens.
Cette attitude a été interprétée comme un refus de l'Église de s'approcher de
Molière mourant.
Des courants
contradictoires traversaient la vie de la société et l'Église. Dans ce
contexte, Molière va se révéler comme quelqu'un qui met le doigt sur les
failles de cette société.
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