jeudi 27 mars 2014

La situation de l'Église au temps de Molière


L'Église catholique du temps de Molière avait une grande responsabilité car elle avait un certain pouvoir. Comme le roi était de droit divin, l'Église avait un pouvoir moral sur le souverain et sur la société. Le roi règne en vertu du droit divin. Ce règne vient de Dieu. L'état était donc régi par deux pouvoirs : celui du roi et celui de l'Église. Il n'y avait pas que les évêques qui avaient un pouvoir. Certains clans faisaient aussi du lobbying. Notamment le clan de dévots et la congrégation du saint sacrement qui surveillaient, influençaient, espionnaient et ce, souvent derrière une façade : celle des actions charitables. Des prêtres préféraient être nommés directeur spirituel de certaines grandes familles plutôt que d'aller à la campagne. C'est aussi pour l'Église de préserver son influence. L'archevêque de Paris penchait plutôt de leur côté. Ces clans reprochaient au courant libéral, courant surtout vivace en ville, un certain relâchement dans les mours et dans les rapports entre hommes et femmes. Les péchés de la chair étaient dénoncés mais comme personne ne pouvait y échapper, il régnait un certain laxisme. Ces moralistes cherchaient à serrer les boulons.

L'Église catholique et les arts

L'Église catholique avait une place importante aux yeux des artistes. Bien sûr, elle commandait des ouvres d'art comme le pratiquaient les rois, les princes de ce temps. Celui qui commande une œuvre a un lien de domination sur les artistes. et de leur côté, les artistes ont un lien de dépendance vis à vis de 'l'institution'
Mais l'Église catholique avait une place originale. A propos de Molière, il est important de la rappeler.
Certaines religions révélées comme l'Islam ou la religion juive interdisent toute représentation pour éviter de limiter le regard sur Dieu, pour éviter de faire croire qu'on peut mettre la main sur Dieu, en faire le tour. En un mot, pour éviter l'idolâtrie. Cette non-représentation permet d'éviter toute tentation de dérision.
Par contre, la foi catholique donne une grande place à la représentation de Jésus et des saints. La foi professe que l'homme est fait à l'image de Dieu mais aussi que Dieu s'est incarné, a pris forme humaine. C'est l'originalité de la démarche religieuse chrétienne. Aussi cette représentation donnait beaucoup de place aux artistes.

La grande place de l'art dans la vie de l'Église catholique a comme conséquence que cette pastorale coûte cher. Collecter de l'argent a beaucoup d'importance. Nous connaissons la réaction de Luther devant l'attitude de l'Église catholique qui préfère chercher de l'argent plutôt que servir la justice. Au temps de Molière, l'Église cherche à retrouver toute son influence pour que la société ne tombe pas dans le libertinage, dans un manque de respect pour la vérité. La contre-réforme poussait aussi l'Église a être très exigeante sur le contenu de la foi, à être très attentive dès que des personnes comme les artistes exprimaient par leur art la vérité révélée dont l'Église avait pour mission de préserver l'intégrité.

Pour les artistes, travailler pour l'Église qui avait une responsabilité dans la vie de la société supposait avoir certaines exigences personnelles. L'artiste devait non seulement contenter celui qui passait commande, mais pour faire ouvre géniale d'Église, il fallait aussi se pénétrer dans cette vérité proclamée.

L'Église et les comédiens

Les villes accordaient le droit de jouer si la troupe présentait son programme et promettait d'éviter tout scandale. La misère amène certaines villes de demander à la troupe de verser une quote-part qui sera distribuée aux pauvres... Avoir la protection d'un puissant était toujours utile.

Pour le monde des comédiens, la situation vis-à-vis n'est pas simple. Elle est plurielle, comme on dirait aujourd'hui. Le pape Pie V en 1604 a dressé une liste de personnes à qui il faut refuser la communion : les hommes de théâtre n'y figurent pas. A Bourges, les jésuites menacent d'excommunier ceux qui iront au théâtre. mais d'autres accordent, laissent faire en demandant qu'une part des bénéfices aille aux pauvres. L'Église se méfie des comédiens. Aussi, quand il faudra aller chercher un prêtre pour confesser et donner l'extrême-onction à Molière mourant, le vicaire de Saint Eustache s'est senti incompétent et a préféré qu'on aille chercher le prêtre qui était en lien avec les comédiens. Cette attitude a été interprétée comme un refus de l'Église de s'approcher de Molière mourant.

Des courants contradictoires traversaient la vie de la société et l'Église. Dans ce contexte, Molière va se révéler comme quelqu'un qui met le doigt sur les failles de cette société.






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